Le 25 janvier 2016, communiqué du GASSAUA relatif à la grippe aviaire


Groupement des associations de sauvaginiers d'aquitaine

Madame, Monsieur,
Depuis quelques jours courent des rumeurs, relayées par les médias, de mesures de « vide sanitaire » pour les particuliers détenant des palmipèdes, afin de compléter celles destinées aux professionnels. Par ce courrier, je tiens à vous adresser notre point de vue, celui de plusieurs milliers de chasseurs de gibier d’eau du Sud-Ouest, avant qu’une décision qui pourrait s’avérer dramatique, ne soit prise. Depuis la précédente crise de grippe aviaire, les chasseurs de gibier d’eau avaient été lourdement mis à contribution afin d’endiguer le risque d’épizootie. Nous nous sommes scrupuleusement pliés à toutes ces règles, telles que confinement des appelants en volière fermée (sur les lieux d’élevage et de chasse), isolement de l’eau de boisson et de la nourriture sous abris, baguage pour la traçabilité des oiseaux, registres de détention, recensement des élevages d’appelants, aucun contact avec les espèces migratrices, etc. Notre sérieux et notre rôle de sentinelle avaient été alors reconnus. Nous avions également procédé à des tests sur nos appelants par échantillonnage, qui se sont toujours révélés négatifs. A ce jour, nous appliquons toujours les mêmes règles pour l’élevage et l’utilisation de nos appelants, sans discontinuer.  Pour cette dernière période 2015/2016, aucun de nos oiseaux, ni aucun anatidé sauvage n’ont été détectés porteurs de ces nouvelles souches de virus, toutes issues d’élevages avicoles où les conditions de détention ne sont en rien comparables (surdensité, origines douteuses, absence de bassin d’eau claire, peu de verdure, en parcours ouvert où viennent se nourrir étourneaux, corneilles, vanneaux, goélands…, épandage de lisier en pleine nature…). Cependant nous avons déjà été impactés plus que de raison par des mesures qui ont visé à limiter les transports et l’utilisation de nos appelants sur certains secteurs. La chasse aux oiseaux a même été fermée sur certaines communes alors que la faune sauvage n’a rien à voir avec cette crise avicole ! Nous sommes très ferment opposés à des mesures qui viendraient encore restreindre l’utilisation de nos appelants (même temporairement), qui mettraient en péril notre devenir pour des raisons qui nous sont étrangères. Nous comprenons bien les problèmes qu’ont les éleveurs professionnels de canards gras, mais il ne faut pas faire d’amalgame. Nos oiseaux (espèces sauvages) sont sélectionnés depuis des décennies pour leur chant, leur phénotype, leur rusticité… A contrario des palmipèdes de la filière gras qui sont des espèces domestiques sélectionnées pour leur productivité, au détriment de toute rusticité. Sachez que vu la valeur commerciale et surtout sentimentale de nos appelants, nous n’accepterons aucun abattage à l’aveugle. A l’heure où les cas d’influenza aviaire se font de plus en plus rares, toutes mesures prises en ce sens seraient contre-productives car elles entraineraient des flux d’appelants vers des zones ou des départements non concernés par l’euthanasie. Nous entendons déjà parler de telles démarches, qui ne sont pas souhaitables mais tout à fait légitimes pour des sauvaginiers aimant leurs appelants. Le ras-le-bol des mesures de biosécurité qui nous ont déjà tant coûté se fait sentir. Nous ne sommes ni responsables, ni vecteurs de cette maladie, mais bien des victimes collatérales de dispositions prises sous la pression de quelquesuns. Nous conserverons nos appelants et nous continuerons à les utiliser comme nous l’avons toujours fait, tant que la preuve irréfutable d’un possible rôle de propagation n’aura pas été établi de manière certaine.  Dans une éventuelle hypothèse d’appelants contaminés, une détection, élevage par élevage, devra prévaloir sur toute mesure systématique, qui si elle était prise devrait en toute logique également concerner la faune sauvage (si difficile à cloîtrer, vous en conviendrez) ; auquel cas, une indemnisation devra être envisagée, financée par les responsables de cette crise. En parallèle, nous nous réservons le droit de poursuites pour dommages et intérêts à la vue des préjudices subis cette saison et si la crise venait à perdurer, puisque certains de nos chasseurs n’auraient pu exercer leur passion. Au nom des associations qui composent le groupement des sauvaginiers d’Aquitaine, je sollicite des élus et responsables cynégétiques, une prise en compte de cette problématique et je leur demande de nous aider, afin que ne soient pas prises des mesures radicales, infondées que nous n’accepterons jamais ! Comptant sur votre soutien, veuillez recevoir, Madame, Monsieur, mes respectueuses salutations.
Le Président, JF. Séguy