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CR de l’audition du Gassaua le 24 juin 2015 à l’A.N. par les parlementaires de la «commission oies cendrées »
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Ce compte-rendu, s’il ne relate pas l’intégralité des propos, se veut malgré tout, le plus fidèle possible sur le contenu de cette audition par la commission qui, elle-même, ne fera pas un CR de chaque audition, malgré l’enregistrement des conversations, mais rendra un rapport final. Bien évidemment, je vous tiendrai au courant de l’avancée des travaux, que ne manquera pas de me communiquer Philippe Plisson.
J’étais le seul à être auditionné ce jour-là et pour le Gassaua, cette reconnaissance, au même titre que des associations nationales, est une bonne chose.
J’ai apprécié la présence de :
Jean-Claude BUISINE, Député de la Somme
Philippe PLISSON, Député de la Gironde
Pascale GOT, Députée de la Gironde
Geneviève GAILLARD, Députée des Deux-Sèvres
Jean-Pierre DUFAU, Député des Landes
4 administrateurs de l’Assemblée Nationale
Plusieurs attachés parlementaires
Tous les présents se sont partagés les documents que j’avais amenés et ont montré un intérêt réel à m’écouter. L’audition qui devait initialement durer une heure, a duré une heure quinze et j’ai pu aller au bout de mon argumentaire.
Organisation :
30 minutes pour l’exposition des faits
30 minutes pour le débat
Exposé de mon argumentaire :
J’ai fait une rapide présentation des Gassaugi et Gassaua, avec les buts, leur composition, les sujets sur lesquels nous travaillons, de matière à montrer que nous sommes aussi des gens de terrain et que l’on travaille pour la biodiversité.
Un rapide retour sur notre cahier de doléances sur lequel nous parlons aussi de territoires et d’espèces et également des études, particulièrement notre participation au programme « PROCEED » avec l’achat de 3 balises GPS.
A chaque fois, j’avais un document à mettre en avant pour pouvoir étayer mes propos (lettre avec photos de gazage, synthèse de notre demande,…).
Ensuite, j’ai parlé de ce qui s’était passé pour la fermeture 2015, de la circulaire de notre Ministre, Ségolène Royal.
J’ai remercié les parlementaires pour leur investissement sur ce sujet-là. Grâce à leur pression, jusqu’au plus haut niveau de l’Etat, nous avons pu arriver à une solution qui nous a permis de chasser et ainsi faire retomber l’immense colère des sauvaginiers. CR de l’audition du Gassaua le 24 juin 2015 à l’A.N. par les parlementaires de la «commission oies cendrées »
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Je rappelle dans l’historique de ce que nous avons vécu pour cette dernière fermeture, que si avant Noël, nous avions une très forte probabilité de chasser les oies cendrées en février avec une dérogation écrite par l’avocat de la FNC, malheureusement après Noël, il n’en était plus question, les conseillers de Mme la Ministre étaient passés par là. J’ai expliqué la très forte pression des sauvaginiers sur les Élus, les affiches etc, toutes les actions, j’ai montré la lettre du 6 février 2015 avec les photos de gazage, courrier qui a eu un très fort impact. Egalement, l’appel à occuper les installations de chasse, face à cette immense colère pour justement qu’il n’y ait pas de débordement et nous avons pu maîtriser (le GASSAUA et le GASSAUGI) une situation qui était très tendue et que nous ne voulons pas revivre en 2016. Donc, cette circulaire arrivait à point nommé, comme quoi, pour moi, j’ai bien expliqué que in fine, la décision est bien politique et que l’on ferait bien de régler ce problème tant que cette Ministre a la volonté de le faire et qu’elle a assez d’autorité pour maintenir à distance les anti-chasse.
Donc, un merci aux Élus pour leur mobilisation et à Philippe PLISSON également, grâce à qui, cela a pu être possible. Visiblement j’ai bien compris que ces derniers en ont assez, ils en ont marre et veulent voir le problème se régler et plutôt favorablement pour les chasseurs.
Ce qui est positif et je leur ai bien expliqué, c’est la mise en place de cette commission, chargée de trouver une solution, à la demande du Ministère.
J’ai ensuite exposé les derniers éléments connus et les données scientifiques (issues pour certaines du récent rapport sur l’amélioration des connaissances sur l’oie cendrée ; programme proceed), ceux qui sont écrits sur la synthèse de notre demande, tels que :
Les effectifs actuels : oies cendrées, entre 600 000 et 800 000, oies rieuses, 1 300 000, canard siffleurs, 800 000
Le prélèvement annuel des oies cendrées en France : 20 000 (saison 1998/1999, source ONCFS). La majorité de ce prélèvement s’effectue lors de la « descente » des oiseaux.
Les oies font des dégâts sur leurs aires de répartition, d’où leur destruction (parfois toute l’année) dans plusieurs pays dont : la Hollande, l’Allemagne, la Belgique et depuis peu, la Norvège qui a mis en place un plan de régulation pour les années 2012 à 2020, sur cette population d’oies cendrées norvégiennes, celles-là même que les anti-chasse déclaraient en mauvais état de conservation dû à leur chasse en France !
Les effectifs sont en progression constante, multipliées par deux en 6 ans. Personne aujourd’hui ne conteste l’augmentation constante de la population d’oies cendrées et les chiffres Wetlands ou Birdlife reconnaissent cette « explosion » et le comité ORNIS valide cela.
Il n’y a qu’une seule et même population d’oies qui migrent par la France, qui sont gazées en Hollande, détruites maintenant aussi en Belgique, en Allemagne et en Norvège. C’est un élément irréfutable, prouvé par le baguage, les balises GPS, les colliers etc., et il n’y a plus de considération de longues migratrices, ou de courtes migratrices, ça aussi c’est maintenant clair.
Ces mêmes oies sont détruites en quantité aux Pays Bas (environ 130 000), à cause des dégâts aux cultures, pour un coût estimé à 23 millions d’euros, réglé par l’Europe.
Les balises GPS posées sur des oies fournissent des données objectives et irréfutables. Elles ont démontré que pour l’ensemble des 15 oies équipées de balises, les dates de départ des sites d’hivernage espagnol se situent entre le 11 février et le 11 mars avec un pic le 21 février et des stratégies migratoires très différentes (temps de remontée, nombre d’escales, trajectoires…)
Une fois les faits scientifiques et juridiques présentés, j’ai posé une question : oui ou non, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, approuvez-vous, acceptez-vous, validez-vous ces faits ? Donnez-moi votre avis.
Là-dessus, P. Plisson m’a répondu qu’il les validait tous, sauf un.
Ah bon, j’ai demandé : mais lequel ?
Il s’agit effectivement de « la seule et même espèce » pour laquelle il semble bien que cela soit un argument sur lequel nos opposants vont s’appuyer à fond pour faire croire qu’en France, nous prélevons un très fort pourcentage de migratrices et que les Pays-Bas eux ne détruiraient que des sédentaires.
Sur ce sujet-là, effectivement, j’ai amené un élément nouveau, à savoir les 500 000 oies qui vont être détruites en Hollande et j’ai tenu bon, face à cette affirmation en expliquant qu’il sera difficile de nous faire admettre cela au regard des plans d’éliminations des oies qui sont prévus dans d’autres pays européens et qu’il ne s’agit pas d’oies sédentaires, les migratrices sont éliminées en grande quantité aussi.
Ensuite, on est revenu sur les avancées possibles proposées par notre Ministère de tutelle. J’ai demandé où en était la commission à ce sujet. On m’a expliqué plusieurs choses, que cela avançait bien et qu’entre-autres, la commission allait se rendre à Bruxelles pour voir la validité d’un élément qui est le guide interprétatif annexé à la directive 147/2009, en sachant qu’il s’agit-là d’un outil juridique européen, susceptible de nous faire gagner 10 jours, grâce à la décade de recouvrement.
J’ai parlé de l’aspect sociologique et dit que l’exaspération est à son comble, c’est du dégoût qu’il y a chez les chasseurs. Il nous faut une solution pour février 2016, pour arrêter ce qui est vécu comme une terrible injustice et une
Incompréhension, au regard de tous les éléments scientifiques fournis, justement par rapport au programme Proceed et les balises GPS
Il ya un réel refus d’accepter l’inacceptable et un sentiment de discrimination face aux « anti-chasses » qui continuent à mentir sur les éléments scientifiques par rapport à la même espèce « oies sédentaires et migratrices », alors que l’on sait que les oies n’ont pas le même comportement d’une année sur l’autre. CR de l’audition du Gassaua le 24 juin 2015 à l’A.N. par les parlementaires de la «commission oies cendrées »
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Il faut apaiser cette situation qui risque de dégénérer. Nous savons bien, malgré tout, que notre passion cynégétique reste ludique et sportive. Nous sommes conscients qu’aujourd’hui des problèmes plus graves comme le chômage, le pouvoir d’achat, la pauvreté, les problèmes sociaux, en général, devraient monopoliser toute l’attention de nos parlementaires, mais il n’en reste pas moins vrai que nous ne lâcherons pas prise sur cette problématique. Il faut en finir, tourner la page, alors donnez-nous notre dérogation.
Les oies sont détruites dans des pays proches de la France, l’espèce se porte très bien, les effectifs progressent malgré les abattages, ce sont bien les mêmes oies dans tout le paléarctique occidental, alors, arrêtons cette ineptie de ne pas pouvoir chasser les oies en France au mois de février, surtout au regard des massacres perpétrés par nos voisins.
Je suis confiant car les Élus en ont assez de cette problématique, ils ont compris notre colère et constatent qu’il y a, là, une réelle injustice vis-à-vis des sauvaginiers français. Ils veulent trouver une solution et ils s’y emploient au travers de cette commission. Je pense qu’ils n’ont pas envie de revivre à la prochaine fermeture, ce qui s’est passé pour février 2015. Je reste persuadé que nous allons y arriver car le travail paie toujours, la balle est dans le camp des parlementaires pour la prochaine fermeture 2016.
Je finis mon argumentaire en disant qu’il nous faudra une réponse ou un engagement formel de la part de notre Ministère de tutelle avant le 1er décembre 2015 ou bien nous perturberons les élections régionales, car nous ne resterons pas sans rien faire devant ce que l’on juge inacceptable et d’ores et déjà je réitère comme en février dernier mon appel pour occuper les installations en février 2016 (remarque un peu choc qui a fait froncer les sourcils et ouvrir grand les yeux de mes interlocuteurs…) Heureusement, j’ai bénéficié du soutien du Député JC. Buisine qui a dit que j’avais raison.
Ce que je retiens dans les échanges avec mes interlocuteurs :
Après l’énoncé des arguments scientifiques, je leur ai posé la question de savoir s’ils les contestaient et il m’a été répondu que non, sauf pour celui-ci : « la seule et même espèce d’oie cendrée ».
En effet, nos détracteurs argumentent beaucoup sur le fait que nous tuons, en France, des oies migratrices pas forcément en bon état de conservation d’après eux et que les Hollandais détruiraient majoritairement une espèce sédentaire, ce qu’on appelle la « Férale » ou la « Féodale ».
Faux, et je me suis insurgé contre cet argument car : quelles sont les études qui prouvent cela et de quand datent-elles ? Et dans les autres pays par exemple comme la Belgique, l’Allemagne, la Norvège est-ce-que ce sont bien des sédentaires aussi que l’on détruirait ? La Norvège qui met en place un plan de destruction de 2012 à 2020, que l’on ne nous fasse pas croire que ce sont des sédentaires !
Je montre le document sur lequel 500 000 oies sont en prévision de destruction en Hollande, certainement pas que des sédentaires là aussi, il y aura forcément des migratrices avec.
On me fait gentiment comprendre, par l’intermédiaire d’un Administrateur de l’Assemblée Nationale, que je suis un peu partial et que ce sera argument contre argument.
Donc, moi j’ai répondu : Bien sûr, je ne suis pas là pour représenter les intérêts de la LPO, je défends les chasseurs de gibier d’eau de l’Aquitaine, et j’entends me comporter comme tel, par contre, argument contre argument, je ne demande que cela. Notre demande a besoin à chaque fois d’être prouvée, reprouvée et validée alors que nos détracteurs ont trop souvent la part belle, ils affichent des arguments fallacieux, mensongers pour lesquels on ne leur demande aucune preuve et qui datent d’il y a des lustres, alors que nous, nous avons des balises GPS qui attestent de la crédibilité de nos données scientifiques.
Attention aux soi-disantes études de nos « anti-chasses » qui tendraient à dire que les oies détruites en Hollande ne seraient pas des migratrices. De plus, j’ai demandé à ce que la commission se pose la question de savoir si nos opposants reconnaissent le fait que les oies pouvaient avoir un comportement migratoire différent selon les années et avec des trajets et des zones d’hivernage également différents. La commission a noté ma remarque, mais j’en déduis qu’il va nous falloir encore continuer à prouver par les études et particulièrement par les balises GPS, qu’il y a une faute proportion de migratrices dans les oies détruites dans les divers pays européens.
Je suis revenu sur les 500 000 oies supplémentaires prévues d’éliminer en Hollande, en maintenant que certainement il ne s’agit pas de 500 000 oies sédentaires. L’on m’a répondu que je n’avais pas la durée de ce plan de destruction et qu’il était possible que cela soit sur plusieurs années.
Certes, mais pour moi, cela ne change rien, j’ai dit que partout où l’on élimine des oies, je reste convaincu et l’on ne nous fera pas croire qu’il n’y a que des sédentaires, il y a forcément une forte proportion de migratrices, mais cela l’on va nous demander de le prouver.
Le débat a également porté sur le choix de la solution et là, les avis sont partagés, mais les parlementaires commencent à bien connaître le dossier, et c’est rassurant, même si les points de vues divergent entre les diverses possibilités. Le plan de gestion européen semble être une solution quasiment acquise mais qui va demander 2 ou 3 ans pour sa mise en place et que fera-t-on pendant ce temps ? Soit l’on déroge, soit l’on se sert du guide interprétatif avec la décade de recouvrement comme le suggère à ce sujet, fort justement, le député JC.Buisine. CR de l’audition du Gassaua le 24 juin 2015 à l’A.N. par les parlementaires de la «commission oies cendrées »
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La commission donc va se rendre à Bruxelles pour voir la faisabilité de cette solution. En fait, ils vont faire le travail qu’aurait dû accomplir la FACE depuis bien longtemps et je le leur ai dit que nous sommes quand-même bien déçus par cette association européenne chargée de défendre nos intérêts.
Remarque très pragmatique du député landais JP. Duffau qui dit que quelque soit la sous-espèce, migratrice ou pas, est-ce qu’un prélèvement évalué entre 1 500 à 2 000 oies en février porterait préjudice à l’espèce ?
Réponse : non, bien évidemment.
Une remarque importante de P. Plisson qui dit que dans cette solution du plan de gestion européen, l’on ne bénéficiera pas forcément du soutien des Hollandais, car ils sont contre la chasse et même s’ils détruisent sans vergogne des centaines de milliers d’oies depuis maintenant plusieurs années, ils voient d’un mauvais oeil que l’on puisse les chasser en France au mois de février. Allez donc comprendre…
J’ajoute qu’en plus, c’est au tour de la Hollande de prendre la présidence de l’UE et que ça tombe mal !
Visiblement cette commission fait son travail de recherche de solutions et tiendra compte de nos arguments.
Mais je crois, qu’aujourd’hui, pour y arriver il y a nos arguments à faire valoir mais aussi certaines des affirmations de nos détracteurs à combattre et à détruire. Il va falloir être sur la brèche pour dénoncer leurs propos mensongers et partiaux. Plus inquiétant encore, nous avons droit à exposer nos revendications et propositions, c’est bien, mais la parole est aussi donnée aux « anti-chasses » qui vont déverser leurs argumentaires fallacieux et qui ont, là, l’occasion de reprendre le refrain du réchauffement climatique qui entraînerait une migration prénuptiale plus précoce. Là aussi pour tenir bon sur nos dates, il faudra fournir des études sérieuses car, si pour les oies, l’on peut mettre en face, les dégâts occasionnés aux cultures et les destructions, pour ce qui est des canards, à part pour le siffleur, il n’en est pas de même.
Plus que jamais, si nous voulons avoir un avenir serein, nous devons nous préparer à nous battre et pour cela nous aurons besoin de représentants motivés et engagés pour nous défendre, mais aussi de professionnels du lobbying pour déjouer tous les pièges que vont nous tendre les « anti-chasses », mais surtout de solidarité entre nous.
Je crois qu’il est grand temps d’en finir avec ce problème qui n’a que trop duré, restons lucides et mobilisés pour y arriver, en continuant la pression sur nos Élus et nos responsables cynégétiques.
Je tiens à remercier les personnes présentes à cette réunion, particulièrement le Député des Landes, Jean-Pierre Dufau, qui m’a accueilli à l’Assemblée Nationale.
Pour les Gassaua/Gassaugi,
Le Président
Jean-Francis Séguy